Pourquoi je suis fier d’être Camerounais – Le regard d’un designer graphique engagé

A l’occasion de la fête nationale du Cameroun qui se célèbre chaque 20 mai, l’association des blogueurs du Cameroun (ABC) a décidé de mener une campagne sur les multiples raisons qui peuvent rendre les uns et les autres fiersCet article fait partie de cette campagne

Il y a des phrases qu’on dit souvent sans toujours en mesurer la profondeur.
Dire « Je suis fier d’être Camerounais », pour moi, ce n’est pas un slogan ni un réflexe automatique.
C’est un engagement conscient, une manière d’habiter ma culture au quotidien, dans mon travail de designer graphique, dans mes convictions et dans mes actions. C’est une fierté qui s’incarne. Qui se pense. Qui se montre.

Une culture visuelle qui parle plus fort que les mots

Le Cameroun est un musée vivant.
Un concentré d’expressions visuelles et symboliques. Avec ses 250 ethnies, ses 2 langues officielles, ses traditions orales, textiles, architecturales, le pays offre une palette graphique unique. Les tissus Ndop et Toghu, les masques Bamiléké, les cases Musgum, les fêtes traditionnelles… Ce sont autant de formes, de textures, de signes qui nourrissent mon regard de designer.

Je ne pars jamais d’une page blanche. Je puise dans cette mémoire visuelle collective pour créer des identités modernes, puissantes, enracinées.
Et c’est là que naît ma première fierté : je dessine avec mon héritage.

Une jeunesse qui crée malgré tout

Je fais partie d’une génération qui a appris à créer avec peu. Pas toujours de matériel dernier cri, pas toujours de formation structurée, parfois très peu de reconnaissance. Mais toujours une envie furieuse de créer. Autour de moi, je vois des jeunes qui transforment leurs galères en idées. On fait du design, du code, du montage vidéo, du branding… entre deux coupures d’électricité ou dans des cybercafés.
Et pourtant, on innove, on impacte, on avance.

Cette résilience créative est le vrai moteur du design graphique camerounais.
Elle redéfinit les standards, impose de nouvelles esthétiques, met l’humain au centre.

Quand le design devient un outil de désinformation

Mais il y a une réalité plus sombre à laquelle on ne peut plus échapper :
le graphisme est aussi devenu un outil de manipulation. Chaque jour, je vois passer des visuels trompeurs, des montages mensongers, des fake news soigneusement emballées. Et ce qui me touche le plus, c’est que ce sont parfois des designers comme moi qui ont conçu ces outils de confusion.

Refuser de détourner le regard est devenu pour moi une évidence.


Je ne voulais plus être spectateur.

C’est dans cet esprit qu’avec d’autres professionnels – journalistes, blogueurs, créateurs de contenus – nous avons fondé FactHunters. Notre objectif est clair : assainir notre espace digital, sensibiliser, éduquer, vérifier, former.

Nous publions des articles de fact-checking, organisons des webinaires de sensibilisation, menons des actions de terrain
Et surtout, nous utilisons le design graphique comme levier de clarté. Parce qu’un bon visuel peut faire comprendre la vérité, la rendre accessible, la faire circuler plus vite que le mensonge.
Parce que bien designer, aujourd’hui, c’est aussi protéger.

Montrer un autre visage du Cameroun

Trop souvent, à l’international comme parfois localement, le Cameroun est réduit à des stéréotypes : pauvreté, instabilité, folklore exotique…

À travers mon mes ateliers, mes formations, blog, – notamment ma rubrique « 10 Questions » où je donne la parole à des talents du design – je veux contribuer à réécrire ce récit.

Je veux montrer que le design est un métier d’avenir, un métier accessible, un vrai métier au cameroun. Et qu’à travers lui, on peut façonner un pays plus beau, plus juste, plus visible.

Construire un écosystème visuel solide

Être fier d’être Camerounais, c’est aussi vouloir laisser quelque chose derrière soi.
Je rêve d’un écosystème du design plus structuré :

  • des agences locales fortes
  • des plateformes pour les jeunes créateurs
  • des synergies entre designers, marques, développeurs et institutions

Nous avons les talents.
Ce qu’il nous faut maintenant, c’est de la confiance, des investissements, une vision partagée.

Ce visuel je l’ai crée pour les jeux Olympique Tokyo 2020, le motif en background est inspiré du Toghu.

Ma fierté camerounaise n’est pas un badge. C’est une matière première, une source d’idées, une énergie d’engagement.

Je suis fier d’être Camerounais parce que je peux créer à partir de ma culture, élever ma voix à travers mes visuels, et agir concrètement contre la désinformation avec FactHunters.

Et si toi qui lis ces lignes, tu es designer, créateur de contenu, entrepreneur…
Ta voix compte. Ton style compte. Ta vérité compte.

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