La première fois que j’ai participé aux Jeux Olympiques

Pour ceux qui me connaissent, ils savent que je suis employé au Comité National Olympique et Sportif du Cameroun (CNOSC). Quand j’ai rejoint cette grande institution en septembre 2018, je n’avais aucune idée de l’aventure qui m’attendait, ni de l’impact que j’aurais sur la scène sportive nationale et internationale.

C’était un jour comme un autre, en novembre 2018. Je venais de rejoindre l’équipe digitale du CNOSC, et nous partagions un petit bureau. Ce jour-là, une réunion importante se tenait dans la salle de conférence, et notre chef d’équipe, Frieda Lydia, nous y représentait. À vrai dire, je ne me sentais pas encore vraiment à ma place dans cette grande maison, et je n’avais pas encore réalisé l’ampleur de ce qui m’attendait.

Alors que je travaillais tranquillement, j’ai entendu des pas précipités dans le couloir. C’était Frieda, elle courait vers moi, un sourire aux lèvres, et m’a lancé : « Fabrice, tu es designer, n’est-ce pas ? Viens vite, j’ai parlé de toi en réunion, tout le monde t’attend ! » Je n’avais aucune idée de ce qui se passait, mais je l’ai suivie. En entrant dans la salle de conférence, je découvre un groupe de personnes que j’admire depuis mon enfance, y compris le président du CNOSC, dont j’avais un poster dans ma chambre. Tous les regards étaient braqués sur moi. Je fais de mon mieux pour ne pas laisser transparaître mon excitation.

Le Président m’a montré des maquettes de tenues de sport projetées sur l’écran et m’a demandé : « On m’a dit que tu es designer, est-ce que tu penses pouvoir faire une meilleure proposition pour nos équipements ? » J’étais à la fois terrifié et excité. Sans hésitation, mais avec une certaine retenue, j’ai répondu : « Oui, je peux le faire. »

Une commission a été créée pour valider mes propositions. C’était la première fois que mon travail était pris aussi au sérieux, avec la possibilité d’avoir un impact national. Le projet consistait à concevoir une gamme complète d’équipements : doudoune, survêtement, sweat à capuche à manches longues, bermuda, polo, t-shirt, short, coupe-vent, paire de tennis, paires de chaussettes, sac de compétition, gros sac, serviette, paire de babouche, casquette, trolley, et bonnet. Pour moi, qui suis un fan inconditionnel des Lions Indomptables depuis mon enfance, c’était un rêve devenu réalité. L’idée que je pouvais contribuer au branding des Lions, que j’ai toujours admiré, me donnait des ailes. Je ne voulais absolument pas échouer.

Voici la première proposition qui a été rejétée

C’était aussi la première fois que je concevais des maillots, et à l’époque, je ne maîtrisais pas encore les mock-ups. Ma première proposition a été rejetée, et avec le recul, je réalise que c’était justifié. J’ai ensuite allégé le design, en jouant avec nos couleurs nationales. Le résultat final était bien meilleur, et la commission l’a immédiatement validé. Je suis rentré chez moi ce soir-là, avec la fierté d’avoir accompli quelque chose de génial pour mon pays.

Voici la proposition qui a été validée

Les tenues devaient être réalisées pour les Jeux Olympiques de Tokyo en 2020, mais grande fut ma surprise lorsque, dès mars 2019, on a annoncé que les équipements étaient prêts pour les Jeux Africains de Rabat. Le jour où j’ai vu les tenues en vrai, que j’ai pu les toucher, j’étais comblé. La première personne à qui j’ai partagé cette joie, c’était à GABUN, un modèle pour moi. C’est lui qui, un soir où je pensais tout abandonner, m’avait encouragé en m’envoyant une collection de designs de t-shirts. Ce geste m’avait profondément marqué.

La Cameroon Olympic Team à Rabat en 2019

Depuis, mes designs ont voyagé à travers le monde, participant aux Jeux Africains de Rabat en 2019, aux Jeux Olympiques de Tokyo 2020 en 2021, aux Jeux du Commonwealth de Birmingham, et aux Jeux de la Solidarité Islamiques de Konya 2021 . Je n’ai peut-être pas été présent physiquement, mais mon travail a célébré chaque médaille de la Cameroon Olympic Team.

La Cameroon Olympic Team Dans différentes compétition avec des tenues réalisées par moi

Je suis convaincu qu’il y a au moins une personne, quelque part, qui associe ces compétitions à mon travail. Et si je devais donner un conseil, ce serait celui-ci : Croyez toujours en vos rêves, car ils peuvent vous emmener plus loin que vous ne l’imaginez.

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