10 Questions à Reine DIBUSSI, l’illustratrice Camerounaise qui a travaillé avec Google

« devenez-vous, racontez vos histoires, exprimez-vous »

Bonjour. Je suis Reine DIBUSSI, autrice et scénariste de Bande Dessinée, Illustratrice 2D et Artrepreneure. Je suis co-fondatrice d’AFIRI Studio, un Studio graphique et Maison d’édition de contenus illustrés d’inspiration Afrodescendante.

Depuis 2014, après mon diplôme d’Illustratrice-Conceptrice j’ai développé mon activité d’artrepreneure dans l’illustration. Puis en 2017, j’ai auto-édité le premier tome de la série de Bande Dessinée jeunesse et science-fiction MULATAKO, qui a plu au public aussi bien Français, que Camerounais ou international. Ensuite, avec Carine BAHANAG, qui est ma scénariste sur les tome 2, 3 et 4 de MULATAKO, on a fondé AFIRI Studio. Dans le but d’une part de proposer des contenus illustrés afro et inclusifs à des entreprises et des particuliers. Concrètement, on leur fait des illustrations pour leurs supports visuels, numérique, papier, textile ou autres, pour leurs projets d’édition, pour les films, couverture de livres, etc. Et d’autre part, la Maison d’édition forme et édite à compte d’éditeur des autrices et auteurs afro dans leurs projets en lien avec la représentation des personnes africaines et afrodescendantes.

Notre maison d’édition est indépendante et militante. Nous accompagnons des autrices et auteurs qui sont afro ou travaillant sur des histoires concernant les cultures afro et nous les professionnalisons en leur offrant la possibilité d’une édition à compte d’éditeur. Cela afin que ces auteurs et autrices puissent avoir de premiers contrats professionnels.

C’est quoi ton style ?

Mon style est en perpétuelle évolution je pense. Du semi-réalisme 2D, des tons colorés, souvent des femmes ou des sujets féministes.

Comment tu trouves ton inspiration ?

Mon inspiration, je la trouve surtout dans les séries, mais dans la société en général. Je suis une accro des séries, une vraie éponge à image aussi. Des fois c’est un peu fatiguant parce que je sature, du coup je me tourne vers la musique, la lecture (BD et romans principalement) et la danse.

Penses-tu que l’outil numérique peut aider à devenir un meilleur dessinateur?

Oui, l’outil numérique peut aider à devenir un meilleur dessinateur, comme tout outil si on sait pourquoi on l’utilise, à quoi il nous sert. Une tablette numérique reste un outil au même titre qu’un crayon à papier ou un pinceau. La vidéo de formation de tel ou telle artiste peut être utile pour tel point précis de sa carrière et complètement inutile pour un autre.

Quels sont les référents, les projets ou personnages qui ont marqué ton métier ou ta culture personnelle et professionnelle?

Comme inspiration et références, je peux citer Jean Giraud (Moebius), Chabouté, Sergio Toppi,

Marguerite Abouet avec Aya de Yopougon, Elyons et son parcours professionnel et d’entrepreneure,

Rebecca Sugar pour Steven Universe et enfin Nesskain.

MULATAKO, en un mot

MULATAKO c’est l’aventure de Jéméa, une esprit de l’eau Jengu de 10 ans, médiocre à l’école et sans pouvoir mais très déterminée à contrecarrer la décision des dirigeant.es de leur monde sousmarin d’exterminer son école et qui est accompagnée par ses ami.es et sa famille qui voient émerger en elle au fil du temps des pouvoirs jusque-là insoupçonnés et négligés, simplement parce qu’elle ne rentrait pas dans les cases. L’histoire est prévue en 4 tomes, dont deux sont déjà sortis, et nous en sommes à la 3e réimpression. Le tome 3 est en cours d’écriture.

Quels sont tes projets du moment ? Et les futurs ?

En ce moment, je travaille sur roman graphique. Je fais les illustrations du scénario de l’autrice

Laura Nsafou, qui sortira en 2023. Mon 2e projet en cours, est celui d’un roman graphique intimiste, qui sera présenté avant fin 2022 aux maisons d’édition. C’est un scénario que j’ai écrit, et qui sera dessiné par une illustratrice hyper talentueuse, Malvina Barra. Nous espérons qu’il sera pris. Le tome 3 de Mulatako est en cours d’écriture.

Par ailleurs, je suis directrice artistique et gérante de mon entreprise AFIRI Studio. Souvent quand on me contacte en tant que Reine Dibussi, je transfère la commande à mon entreprise dans laquelle je travaille sur plusieurs projets avec une équipe et un.e ou plusieurs autres artistes. Et toujours au sein de la maison d’édition d’AFIRI Studio, nous allons bientôt entamer la formation d’une illustratrice et d’un scénariste, tous les deux camerounais, puis nous allons les éditer.

Personnellement je m’occuperai de la formation de l’illustratrice.

Donc voilà, pour résumer, je fais et je continue à construire ce que j’ai toujours souhaité faire : illustrer et/ou publier projets éditoriaux et collaboratifs en tant qu’artiste indépendante et du militantisme artistique au sein de ma boîte, dans laquelle je forme et je me bats pour inclure différents profils d’autrices et auteurs de BD et de livres illustrés afro dans le milieu de l’édition français, d’Afrique et mondial. J’espère pouvoir continuer à le faire.

Que fais tu d’autres et que tu aimes quand tu ne dessines pas ?

De la marche, de la danse, des trucs sans queue ni tête avec mon stylo 3D. Même si j’avoue que ces derniers temps, avec l’entreprise, je n’ai pas eu beaucoup de temps pour me reposer.

Une anecdote pour nous ?

Comme anecdote, je peux raconter la fois où Google me contacte pour me passer une commande d’un Doodle et je n’y crois tellement pas que j’ai failli mettre le mail dans les spam.

j’ai failli mettre le mail de google dans les spam.

Mais c’était vrai !

Les femmes dans le monde de la Bande dessinée

En France il y en a déjà plus qu’au Cameroun. Au Cameroun, je ne sais pas si on est déjà 10, qui soient actives dans le milieu de la Bande Dessinée. Sinon je sais qu’il y en a qui sont émergentes ça fait plaisir de les découvrir. Les avantages, je n’en vois pas beaucoup, peut-être le fait de pouvoir exercer et d’avoir des revenus quand on y parvient. Les inconvénients, j’en vois beaucoup, mais j’ai assez dénoncé, maintenant j’ai créé une entreprise et j’ai repensé ma pratique de manière à pouvoir changer la donne à mon niveau. Pour moi l’essentiel c’est d’être présentes et plurielles. J’essaie toujours de m’informer de ce qui se fait au Cameroun en matière de BD.

j’ai créé une entreprise et j’ai repensé ma pratique de manière à pouvoir changer la donne à mon niveau

Un conseil

Ne cherchez pas à devenir comme moi. Cherchez à devenir vous. Si je vous inspire, dites-en quoi, si vous citez mon travail, dites que c’est moi qui l’ai fait, si vous voulez être formé.e par moi, ou travailler avec moi, envoyez-moi un message et préparez votre portfolio.

Restez abonné.e à mes comptes Reine Dibussi sur facebook, insta, twitter, aux pages MULATAKO et surtout AFIRI Studio, on vous tiendra informé.e des opportunités. Mais surtout, devenez-vous, racontez vos histoires, exprimez-vous. C’est ça qui m’intéresse et que je trouve beau dans notre travail, la diversité des styles et des histoires.

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